Chansons
J’aime les chansons parce qu’elles se gravent dans notre mémoire, qu’elles nous permettent, en deux ou trois minutes, d’évoquer un souvenir, un moment choisi, un instant de bonheur… Ce sont de petits « fragments de passé » que nous pouvons à tout moment faire ressurgir.
Et pour les malades Alzheimer, c’est souvent en chantant des chansons de leur jeunesse qu’ils retrouvent des émotions que le langage ne leur permet plus de ressentir.
J’aimerais évoquer ici quelques-unes des plus belles et des plus émouvantes chansons ayant pour sujet la vieillesse. J’en donnerai un extrait qui suffira sans doute à éveiller en vous un souvenir, une image, une nostalgie…

Elle met du vieux pain sur son balcon
Pour attirer les moineaux, les pigeons.
Elle vit sa vie par procuration
Devant son poste de télévision.

Petit, propret, glissant, discret,
Dans son vieux pardessus râpé,
Le long des allées monotones,
Le dos voûté, le nez tendu,
Il déambule à pas menus
Sous les marronniers de l’automne.
À quoi songeant ? À quoi rêvant ?
Cœur léger, cœur vide ou cœur lourd,
Ainsi font, font, ainsi s’en vont
Les vieux messieurs du Luxembourg.

Je voudrais du soleil vert,
Des dentelles et des théières,
Des photos de bord de mer
Dans mon jardin d’hiver.
Je voudrais de la lumière,
Comme en Nouvelle-Angleterre.
Je voudrais toujours te plaire
Dans mon jardin d’hiver.
Je veux déjeuner par terre
Comme au long des golfes clairs,
T’embrasser les yeux ouverts
Dans mon jardin d’hiver.

Il y a soixante coups qui ont sonné à l’horloge,
Je suis encore à ma fenêtre, je regarde et je m’interroge.
Maintenant, je sais, je sais qu’on ne sait jamais.
La vie, l’amour, l’argent, les amis et les roses,
On ne sait jamais le bruit ni la couleur des choses.
C’est tout ce que je sais, mais ça, je le sais.

Son trousseau de clés, on le perd.
Il était là il y a vingt secondes.
On ne va pas en faire une affaire,
C’est arrivé à tout le monde.
En raccrochant le téléphone,
On ne sait plus ce qu’on a dit.
Peut-être qu’on ne parlait à personne,
Peut-être que c’était vendredi.

J’ai la mémoire qui flanche, je me souviens plus très bien,
Comme il était très musicien, il jouait beaucoup des mains.
Tout entre nous a commencé par un très long baiser
Sur la veine bleutée du poignet, un long baiser sans fin.

Avec le temps,
Avec le temps, va, tout s’en va,
On oublie le visage et l’on oublie la voix.
Le cœur, quand ça bat plus, c’est pas la peine d’aller
chercher plus loin, faut laisser faire et c’est très bien.

Que reste-t-il de nos amours,
Que reste-t-il de ces beaux jours,
Une photo, vieille photo
De ma jeunesse.
Que reste-t-il des billets doux,
Des mois d’avril, des rendez-vous,
Un souvenir qui me poursuit
Sans cesse.

On vient de marier le dernier.
Tous nos enfants sont désormais heureux sans nous.
Ce soir, il me vient une idée :
Si l’on pensait un peu à nous,
A nous.

Mémère, tu t’en souviens, de notre belle époque,
C’était la première fois qu’on aimait pour de bon.
A présent, faut bien l’dire, on a l’air de vieux schnocks,
Mais ce qui fait passer tout, c’est qu’on a la façon.

Les vieux ne parlent plus, ou alors seulement parfois du bout des yeux.
Même riches ils sont pauvres, ils n’ont plus d’illusions et n’ont qu’un coeur pour deux.
Chez eux, ça sent le thym, le propre, la lavande et le verbe d’antan.
Que l’on vive à Paris, on vit tous en province quand on vit trop longtemps.