Depuis ma retraite, toute ma vie s’était organisée autour de mon frère aîné, qui vivait seul et qui était atteint de la maladie d’Alzheimer. J’allais le voir chaque jour, je réglais ses factures, je lui faisais ses commissions. Il avait une fâcheuse tendance à m’appeler pour tout et pour rien, le jour comme la nuit. Alors je quittais tout, ma femme, ce que j’étais en train de faire. Heureusement que ma femme et mes enfants étaient plus que compréhensifs. Depuis longtemps, j’avais envie de dire : « Au secours, j’ai besoin de repos ! » mais je n’osais pas abandonner mon frère, lui si seul et si perdu. Au bout du compte, j’étais vraiment au bout du rouleau et j’ai frôlé l’infarctus. On m’a hospitalisé d’urgence et c’est à ce moment-là qu’on a été obligé de placer mon frère dans un EMS. Je me suis senti forcé de l’accepter, car je ne pouvais pas continuer ainsi. Et il est maintenant à l’EMS, où il mène une petite vie tranquille. Je me force à reconnaître que cela lui convient, et que cela me convient aussi.
15 novembre 2020