Si j’avais des ailes,
je volerais grâce à elles…
Boby Lapointe, « Marcelle »
Si j’avais des ailes dorées,
je volerais comme un milan royal
dans l’azur ou dans les moelleux nuages,
parmi les autres milans royaux.
Si j’avais du temps de reste, je rêverais
que je voyage en Suisse, en Italie,
en France, dans des endroits de rêve,
au lieu de me rêver en roi ou président.
Un après-midi j’ai voyagé en rêve,
sur les ailes d’un désir fou
je suis allé vers mes vingt ans,
vers mes quinze ans, peut-être moins.
Si j’avais trente ans de moins,
je me mettrais en marche vers Compostelle,
par les chemins de Saint-Jacques,
au lieu de laisser devant moi les pèlerins passer.
Aujourd’hui je voyage par la pensée,
sans souci des murs, des fossés, des frontières,
sans passeport ni carte d’identité,
même pas la Cumulus et la Supercard.
Dans mes rêves je voyage
dans le temps, dans l’espace,
à quatre rêves, à quatre pattes.
Mais hélas, je ne plane plus.
À plat ventre, je regarde les fourmis voyager ;
sur le dos, je passe avec les nuages,
qui passent, qui passent, qui passent ; comme sur le chemin
devant chez moi, les pèlerins et pèlerines.
Bertrand Baumann
Poète, écrivain,
né en 1941.