Aujourd’hui, j’ai envie de vous raconter une belle histoire, une de ces histoires où les ombres le disputent à la lumière mais où, à la fin, c’est la lumière qui gagne !
Cette année-là, Chantal avait 50 ans ; elle avait quitté la Gruyère, sa région natale, il y avait bien des années de cela, et vivait avec son mari dans la campagne vaudoise ; elle avait élevé son fils, menait une vie sociale et professionnelle très active, pratiquait différents sports… Bref, tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Jusqu’à ce jour de la fin de l’hiver 2010, où son père est décédé. Le chagrin de cette disparition allait s’aggraver d’une autre découverte, très inattendue : la maladie de sa mère. Privée du soutien inconditionnel de son mari, la mère de Chantal a très vite laissé apercevoir des troubles cognitifs graves (oublis, désorientation…), une incapacité à maîtriser les actions les plus simples et à assumer seule les tâches de son ménage ; bref, elle était atteinte de la maladie d’Alzheimer à un stade déjà avancé.
Une proche aidante exemplaire
Le diagnostic posé, Chantal allait tout faire pour être proche de sa mère : avec le soutien de son mari, Pascal, elle a déménagé et est revenue s’installer en Gruyère. Elle a organisé sa vie quotidienne de façon à être disponible pour sa mère, elle a fait appel aux aides nécessaires, s’est entourée de professionnels… Elle a rempli pleinement son nouveau rôle : celui de proche aidant.
Cet accompagnement allait durer plusieurs années et Chantal l’a assumé de manière exemplaire, cherchant des informations sur la maladie, demandant conseil… Elle est devenue une proche aidante modèle, comprenant la nécessité de rassurer sa mère en toute circonstance, de lui éviter les situations de stress, de ne pas la mettre en échec… Grâce à cet accompagnement si bien adapté aux besoins de sa maman, celle-ci n’a pas développé les troubles du comportement si fréquemment observés dans cette maladie. Chantal passait beaucoup de temps avec elle ; elles riaient ensemble, vivaient intensément le moment présent. Pendant toutes ces années, elle a vécu avec sa mère une relation pleine d’harmonie, fondée sur l’affection et la compassion.
La maman de Chantal, Francine, était une charmante octogénaire. Et même si elle était souvent « perdue », elle vivait bien avec sa maladie parce qu’elle se sentait entourée, acceptée, aimée. Elle était même devenue la « mascotte » de l’EMS où elle a vécu les dernières années de sa vie.
Une révélation et un nouveau départ
Et le jour où la vieille dame, affaiblie mais sereine et apaisée, est morte, sa fille est arrivée peu après son décès pour lui tenir une dernière fois la main. À Chantal, il restait le chagrin, le deuil à faire, avec l’aide et la compréhension de son mari et de son fils. Mais quelque part au plus profond d’elle-même, cet accompagnement de sa mère a été une révélation et lui a donné l’envie de continuer à aider les personnes âgées, d’une manière ou d’une autre.
Alors qu’elle rendait encore visite à sa mère dans sa maison de retraite, Chantal avait déjà entamé une reconversion professionnelle et suivait une formation de coach sportif. Au terme de cette formation, elle a compris que ce qu’elle souhaitait, c’était exercer cette nouvelle activité avec des personnes âgées, afin de leur permettre de rester autonomes le plus longtemps possible. Pour parvenir à ce résultat, elle savait qu’elle devait proposer à ses clients un entraînement à la fois physique et mental (renforcement musculaire et entraînement cognitif-moteur). Et c’est ainsi qu’elle a ouvert en septembre 2016 le premier centre de sport santé dédié exclusivement aux seniors : BodyBrain.
Des raisons de ne pas désespérer
Pour Chantal, et grâce à sa lucidité, à son humanité et à son courage, la traversée d’une épreuve particulièrement longue et cruelle a finalement comporté quelques aspects positifs : elle a pu vivre avec sa mère un accompagnement harmonieux et bénéfique pour toutes les deux ; elle a trouvé dans le malheur des raisons de ne pas désespérer et une nouvelle motivation pour sa vie. La belle histoire de Chantal nous montre, de manière exemplaire, comment l’épreuve que constitue l’accompagnement d’un malade Alzheimer, avec tout le chagrin que cela comporte, peut néanmoins déboucher sur un avenir prometteur et ouvrir de nouveaux horizons.