Propos d’une gérontopsychologue

Des propos sur la vieillesse et sur la maladie d'Alzheimer

Dans les propos qui suivent, je voudrais vous faire part des réflexions que m'inspire, jour après jour, mon travail avec les personnes âgées en général, mais aussi, et plus particulièrement, avec celles qui vivent avec la maladie d'Alzheimer. Ces réflexions sont le fruit d'une trentaine d'années d'expérience professionnelle au cours desquelles j'ai quotidiennement partagé avec mes patients leurs inquiétudes, leurs angoisses, leurs espoirs et leurs victoires ; c'est aussi le résultat de mes propres questionnements, de mes lectures, de mes conversations avec des collègues... Un nouveau propos paraîtra une ou deux fois par mois ; il vous suffit de vous inscrire à ma newsletter pour être averti de chaque nouvelle parution.
15.3.2023

Parler des « vieux », est-ce politiquement correct ?

« Vivre, c’est vieillir, rien de plus. »
Simone de Beauvoir

La phrase de Simone de Beauvoir est excellente ! Elle nous dit à la fois qu’il est dans la nature des choses de vieillir, que cela appartient à la vie. J’aime cette façon d’accepter la vieillesse comme elle est, avec ses richesses et ses écueils.

C’est exactement le contraire qui se passe dans notre époque où l’on tente par tous les moyens d’escamoter le vrai visage de la vieillesse, de le défigurer ou de le maquiller à outrance.

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15.11.2020

« Secouer le cocotier ! » La maltraitance des vieux

Cette année 2020, deux rapports, l’un de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et l’autre du Conseil fédéral, ont tenté d’alerter le grand public sur une cruelle réalité : la maltraitance des personnes âgées. Je ne m’attarderai pas sur les cas de « maltraitance volontaire », qui font déjà l’objet de nombreux livres, articles et émissions de télévision. Ce qui me retiendra davantage, c’est la « maltraitance par ignorance », celle qui s’installe insidieusement et qui passe souvent inaperçue.

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1.6.2020

Je m’indigne !

Au moment où nous émergeons lentement de cette étrange cohabitation avec le Covid-19, je dois dire tout d’abord mon admiration pour ce qui a été réalisé par tout le personnel des hôpitaux et des EMS : les responsables, les médecins, les soignants bien sûr, mais aussi tous les employés de l’intendance. Leur dévouement, leur conscience professionnelle, les risques qu’ils ont pris, tout cela est digne de notre plus grand respect. Si cette pandémie peut comporter quelque chose de réconfortant, c’est bien de nous avoir montré jusqu’où pouvaient aller le sens des responsabilités, la conscience professionnelle et la compassion des différents acteurs de la santé. Cela dit, les raisons de m’indigner, en tant que gérontopsychologue, n’ont pas manqué, et si puissantes parfois qu’elles m’ont convaincue de ne pas les garder pour moi et de les partager avec vous !

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1.2.2020

La dictature du bien vieillir

L’on s’accordera sans doute avec moi pour dire que nous avons de la chance de vivre dans une société de longue vie. Au moment où j’écris cela, l’espérance de vie moyenne en Suisse est approximativement de 82 ans pour les hommes et de 85 ans pour les femmes. C’est l’une des espérances de vie les plus hautes dans le monde. Lorsque nous abordons le cap de la soixantaine, nous nous retrouvons donc, pour la plupart d’entre nous, devant la perspective d’avoir encore grosso modo un quart de siècle à vivre. Mais attention ! Ce défi d’un nouveau genre, en touchant de plus en plus de monde, a encouragé les donneurs de conseils et de mots d’ordre à sortir du bois pour nous asséner leurs consignes et leurs commandements : « Tu ne vas pas seulement vieillir, tu dois impérativement « bien vieillir ».

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15.6.2019

Le mirage des recettes anti-âge

Arrivés à un certain âge, comme on dit si joliment lorsqu’on ne veut pas vendre la mèche, il nous arrive à tous, à vous comme à moi, de nous retrouver un matin devant le miroir et, scrutant notre visage, d’y découvrir une nouvelle ride au coin de la bouche, une tache de vieillesse qu’on n’avait pas remarquée la veille, un affaissement des paupières plus prononcé, la texture des pommettes qui a tendance à se dessécher, l’apparition de minuscules veinosités ici et là…

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1.5.2019

La folie de la terminologie (I)

Les mots que nous utilisons pour désigner les choses ne sont jamais indifférents : ils orientent notre regard, colorent notre vision du monde ! « Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde », disait déjà Albert Camus. Autrefois, pour désigner les personnes ayant atteint un âge respectable, on parlait des « vieux », des « vieillards », des « vieilles personnes », et même, dans un élan affectueux, des « petits vieux ». Tout cela est bien fini désormais…

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1.4.2019

Bonne nouvelle : même les stars d’Hollywood vieillissent !

Une très bonne surprise : une série-télé capable de nous parler de la vieillesse avec justesse, profondeur et humour. Elle y réussit grâce à deux grands acteurs, Michael Douglas (74 ans) et Alan Arkin (84 ans), au sommet de leur art. On les suit dans leur périple au milieu des embûches, des traquenards, mais aussi des trésors cachés de la vieillesse. On est ému, on sourit, on écrase discrètement une larme, on réfléchit…

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15.2.2019

Les avantages de l’âge

La période de la retraite, aujourd’hui, peut durer de vingt à trente ans. Et lorsque nous y entrons, nous sommes la plupart du temps en bonne santé et fringants. Qu’allons-nous faire de notre vie pendant ce quart de siècle qui nous reste ? Quelle attitude nouvelle, quels projets inédits, quel regard neuf serait-il possible d’adopter, pour que la vieillesse ne devienne pas pour nous un fardeau, une débâcle, un naufrage ? Ce sont quelques-unes de ces questions que j’aimerais aborder ici, dans ce que j’aimerais qu’on prenne pour une manière d’éloge de la vieillesse.

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11.2.2019

Les leçons d’un fait divers

Une forme insidieuse de discrimination, de ségrégation sévit sournoisement dans nos sociétés avancées : l’« âgisme ». Dans un monde où la jeunesse, la performance, la beauté, l’apparence sont devenues des valeurs dominantes, tous les signes de l’âge – les rides, les cheveux blancs, les poches sous les yeux… – sont encore trop souvent des motifs de mise à distance, de rejet, quand ce n’est pas de peur ou de dégoût. L’histoire d’Émile Ratelband est à cet égard exemplaire et symptomatique.

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